mercredi 3 août 2011

L'Art du Haïku‏

L'esprit du Haïku est une invitation à plus de vie..
Le haïku est un petit poème japonais qui s'écrit en "5, 7, 5", c'est-à-dire en 17 syllabes. Voici un exemple:

Le coucou localise
l'endroit
où nous ne sommes pas
(Kerouac)

ou encore:

Délice
de traverser la rivière d'été
sandales en main
(Buson)

Il s'agit de saisir les instants précieux, le kaïku est le versant poétique de toute la philosophie zen. Tout en retenue, en allusion, on ressent sobrement l'émotion d'autant plus intense qu'elle est canalisée en trois vers. C'est souvent un moment de vérité avec soi-même, sa seule source c'est bien celle du coeur et non de l'intellect: pas d'analyse, pas de vérité générale ou de métaphore... D'ailleurs, un bon haïku n'appelle aucun commentaire. Celui-ci ne ferait que redire ce que le mini-poème a le pouvoir de délivrer d'un seul jet, de quelques syllabes.En ce sens, ils sont d'abord une célébration. En lire invite à se rappeler tout ce qui fait "le sel" de la vie; en écrire permet de constituer peu à peu son livret personnel des meilleurs moments à jamais perdus.

Noir l'oiseau
Non! bleu!
la branche en bouge encore
(Kerouac)

Rapport à la nature..
Bien sûr comme souvent dans l'art asiatique beaucoup de haïku se rapportent à la nature. Pour ceux qui explorent l'univers du haïku, cette dimension est fondamentale. Pour le haïkiste, la nature n'est pas un "environnement" mais l'essence même de l'existence, l'unique source à laquelle on peut toujours s'abreuver. En cela, le haïkiste reste profondement imprégné de la philosophie chinoise.

Atteindre l'équilibre..
"Léger et pourtant profond, minuscule et grand en résonnances, reposant sur le vide et le non-dit et cependant si plein de sens.."
Le haïku respecte une régle métrique de "5, 7, 5" syllabes même si certains en écrivent à plus de syllabes tout en respectant l'exprit du haïku. Cependant, il faudrait s'en tenir à 17 syllabes afin d'être concis et précis.

Il y a également un rapport à l'impermanence.. saisir l'instant présent, garder une image, une sensation précise:
"Ce qui a été ne peut être encore, ce qui est né mourra"

A entrer dans le monde vivant des haïkus, on y gagne forcément en fraîcheur, en légéreté, en capacité à accueillir l'événement, ce qui advient, sans le juger, sans le commenter, ni le réduire ou l'analyser mais simplement profiter du moment présent, car il passe si vite... en un instant. Un exercice naturel dont nous autres, occidentaux, avons grandement besoin.

"Souvent la lecture des mini-poèmes ressemble à une promenade au pays de saveurs retrouvées"
.. alors vous aussi devenez "haijins" (écrivains de haïku) er partez faire une "ginkgo" (balade pour écrire des haïkus) :-)
See ya, Nora


 Ref.: Sei Shônagon, Notes de chevez, Gallimard, coll. Connaissance de l'Orient, 1997
L'empire des signes, Seuil, coll. "Points", 2007
Jack Kerouac, le Livre des haïkus, La Table ronde, 2006
 

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